Introduction

Il existe de nombreux sites traitant le sujet des plantes toxiques. La liste qui les constitue est bien souvent très longue. Nous avons essayé de regrouper les différentes plantes présentes en Belgique susceptibles d’induire une intoxication chez les animaux domestiques.

Dans cette base de donnée, la recherche de documentation peut se faire soit en choisissant l’espèce animale concernée par l’intoxication par une plante, soit par le nom commun ou le nom latin de la plante. Une rubrique est destinée à nos étudiants en doctorats. Elle reprend la liste des plantes considérées comme devant être connues pour l’examen de fin d’année. Pour ceux qui se destinent à une spécialisation dans une espèce animale, nous les invitons à prendre connaissance des autres fiches de plantes toxiques ayant trait à ces espèces.

Le terme « plante toxique » regroupe les plantes qui peuvent occasionner des effets nocifs internes ou externes à l’organisme. L’individu peut souffrir d’intoxication suite à un contact cutané, oculaire, ou suite à une ingestion. Les symptômes présentés sont variables suivant la quantité et la partie (feuille, fruit, racine,…) de la plante ingérée. Cependant, toute plante peut devenir poison lorsqu’on en abuse. Par exemple, la pomme n’est pas considérée comme plante toxique, pourtant sa consommation en grande quantité à un stade de maturité précoce peut induire des coliques.

La toxicité de la plante peut agir de façon directe sur l’animal ; par exemple, les glands du chêne possèdent une action abrasive sur la muqueuse intestinale. La toxicité de la plante peut aussi se manifester de façon indirecte. Certaines plantes peuvent interférer avec le métabolisme des minéraux (par exemple celui du calcium, du fer, et du zinc chez les mono-gastriques) et des vitamines. Cette interférence avec le métabolisme aura des répercussions sur la santé de l’animal.

L’ingestion d’une plante toxique par un animal destiné à la consommation humaine peut aussi avoir des conséquences pour le consommateur et la santé publique.
     • L’ingestion d’if ou de belladone rend la viande toxique.
     • Le fenugrec lui donne un goût désagréable
     • La qualité de la viande de porc est augmentée s’il est nourri avec des glands.

Elle peut affecter la production de lait :
     • Réduction de la production lactée par l‘ingestion d’aconit, de colchique, de prêle, de millepertuis, de camomille, de menthe, de chêne, de bourdaine, de nerprun, d’if et de jusquiame.
     • Altération du goût et de l’odeur du lait par ingestion d’ail, de pulsatile, d’absinthe, de prêle, de jusquiame, de camomille, de menthe, de chêne, de sauge, d’if et de fenugrec.
     • On note une perturbation de la qualité dans la des produits laitiers. Le beurre présente un goût désagréable (prêle, pulsatile, absinthe) ou piquant (euphorbes). Le caillage est insuffisant (menthe), les fromages se conservent moins bien (chêne).
     • Le lait est toxique suite à l’ingestion de colchique.

La toxicité d’une plante peut varier selon:
     • La saison : le gel augmente la toxicité du laurier cerise, l’if est plus toxique en hiver
     • Le stade de floraison : la teneur en alcaloïde de la Morelle douce-amère varie suivant le degré de maturité : elle est maximale dans le fruit vert et devient très faible dans le fruit mûr.
     • Le type de sol, l’altitude : la digitale pourpre contient un taux variable d’hétérosides selon l’altitude.
     • Le climat, la pluviosité : une période de sécheresse suivie d’une période pluvieuse sera favorable à la biosynthèse d’hétérosides cyanogénétiques.
     • La partie de la plante considérée.
     • L’application d’herbicides : les triazines augmentent la toxicité des mercuriales et des renoncules.
     • L’application d’engrais azotés : la betterave accumule les nitrates quand les engrais azotés sont appliqués en quantité excessive.
     • L’état de séchage des fourrages : la majorité garde leur toxicité. Par contre, l’anémone, la grande ciguë, la mercuriale, les renoncules la perdent.

Certaines anecdotes révèlent la grande variabilité possible de la sensibilité d’une espèce animale aux plantes toxiques. Le chêne est référé comme toxique pour le lapin, pourtant nous avons connaissance d’un élevage où la distribution des glands pendant la période hivernale n’a jamais posé de problème.

Il faut également noter que certaines informations sont différentes selon les références consultées. Des contradictions peuvent se poser quant à la dose, aux symptômes observés et même parfois, en rapport à la toxicité réelle de la plante.

Les connaissances évoluent continuellement. Elles sont basées sur la diffusion d’observations de cas d’intoxications. Par exemple, suite aux comptes-rendus de plusieurs cas, le raisin serait depuis peu considéré comme toxique chez le chien.

Il faut relever que bien souvent les informations sont incomplètes. Ainsi, le fait qu’une espèce animale ne soit pas réputée sensible à une plante donnée n’implique pas que cette espèce soit résistante. Cela peut avoir pour origine l’absence de cas décrits. Le muguet est réputé toxique pour le chien. Un bovin pourrait souffrir de l’intoxication par cette même plante si elle est donnée en quantité suffisante. A ce jour, les données quant à la dose et au mécanisme de toxicité sont incomplètes.

La mode contribue à l’évolution de la liste des plantes toxiques, elle est responsable de l’introduction de nouvelles espèces ornementales et donc de nouvelles sources d’intoxications. Pour pallier ce phénomène, il est important d’avoir des centres regroupant les informations pratiques. Ces centres doivent être en étroite relation entre eux.

Cette base de données a été élaborée par le Dr M. Becker, sous la direction des Professeur P. Gustin (département des sciences fonctionnelles, Faculté de médecine vétérinaire) et Professeur V. Demoulin (département des sciences de la vie, Faculté des sciences). Nous remercions pour leur aide technique : Madame G. Keesemaecker, Monsieur M. Facchinetti et Madame R. Gago.